2023-04_chaire-winesca

De gauche à droite : Patrice REY, coordinateur de la chaire ; Eléonore ATTARD, co-coordinatrice ; Ilias ILIOPOULOS, président-référent du comité «Chaires industrielles» de l’ANR ; Mathilde BOISSEAU, directrice vigne & vin de Jas Hennessy & Co ; Ryszard LOBINSKI, directeur de l’IPREM ;  Jean-Yves BERTHON, directeur général de GreenCell (plus de photos ci-dessous).

Une nouvelle chaire industrielle pour lutter contre l’esca, une maladie du bois de la vigne

Le lancement officiel de la chaire de recherche WinEsca a eu lieu mercredi 5 avril 2023 à Pau.  Cette chaire soutenue notamment par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), Jas Hennessy & Co et GreenCell, et portée par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, vise à développer des stratégies de protection agroécologique.

L’objectif de WinEsca, unique chaire industrielle dans le domaine agronomique en France, est de fournir à la filière viticole des solutions de protection agroécologique pour lutter contre l’esca, une maladie du bois de la vigne connue depuis l’antiquité mais qui fait de plus en plus de ravages en raison de l’interdiction de l’utilisation de l’arsénite de sodium en 2001.

Co-financée par l’Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur de 1,2 million d’euros, cette chaire industrielle renforce la collaboration initiée entre le leader mondial du cognac Jas Hennessy & Co, l’IPREM (CNRS/Université de Pau et des Pays de l’Adour), la société GreenCell ainsi que d’autres partenaires scientifiques et universitaires.

Elle fait suite à une première chaire, « GTDfree », lancée en 2016 et dont les avancées scientifiques permettent d’envisager aujourd’hui des méthodes de lutte concrète.

De gauche à droite : Patrice REY, coordinateur de la chaire ; Eléonore ATTARD, co-coordinatrice ; Ilias ILIOPOULOS, président-référent du comité «Chaires industrielles» de l’ANR ; Mathilde BOISSEAU, directrice vigne & vin de Jas Hennessy & Co ; Ryszard LOBINSKI, directeur de l’IPREM ;  Jean-Yves BERTHON, directeur général de GreenCell.

La filière viticole face à un défi majeur

Avec une balance commerciale positive de 14,2 milliards d'euros (en 2021) la viticulture contribue significativement à l'économie française. Concernant le secteur emblématique du cognac, il était le leader des exportations françaises de vins et spiritueux (3,6 milliards d’euros de chiffre d'affaires) en 2021.

Hennessy, premier acteur du cognac dans le monde, exporte 98% de ses produits. L'entreprise, présente sur tous les continents, est historiquement ancrée dans le vignoble charentais.

Ce vignoble de 89 560 ha, dédié à la production d'eau de vie de cognac, a ses propres spécificités comme le maintien de plantes vigoureuses et un nombre réduit de ceps improductifs.

L'action néfaste de l’esca, une maladie du bois de la vigne (MDB), qui impacte environ 18% du vignoble de cognac, met en péril les objectifs de la filière. En recrudescence depuis l’interdiction de l’utilisation de l’arsénite de sodium en 2001, l’esca diminue la longévité des ceps et affecte la qualité du vin en France, mais aussi dans les principaux pays viticoles mondiaux.

Sur les dernières années, les pertes estimées sont considérables : près de 12% du vignoble français est improductif à cause des maladies du bois, principalement l’esca, entraînant une perte de production d'environ un milliard d'euros. C'est donc l'un des éléments clés de l'agriculture et du patrimoine culturel français qui est menacé.

Ce constat entre en contradiction avec les perspectives globales de développement de la filière et celles affichées par la Maison Hennessy en particulier.

Concevoir des moyens de protection agroécologique contre l’esca

Le projet WinEsca vise à contrôler l’esca en se concentrant sur les points clés suivants :

  • Lutte préventive. Limiter le développement des nécroses dans le bois par l’application de méthodes de taille vertueuses. La physiologie, dont les flux de sève de la plante, et l’évolution de la microflore en lien avec l’apparition précoce de nécroses dans le bois seront suivis.

  • Lutte préventive et curative. Des agents de biocontrôle seront appliqués dès la plantation pour réaliser une protection préventive. Des ceps seront traités en ciblant la nécrose nommée amadou, qui est typique de l’esca. Pour cela des bactéries inhibitrices du champignon pathogène majoritaire de l’amadou, Fomitiporia mediterranea, seront introduites dans cette nécrose.

  • Évaluation économique et sociétale. Évaluer l’aspect économique des solutions proposées et les bénéfices que les viticulteurs pourront en retirer. L’acceptation sociétale du biocontrôle, c’est-à-dire par les viticulteurs et les consommateurs, sera également étudiée.

Les résultats de ce projet de protection agroécologique, en phase avec les considérations environnementales actuelles, bénéficieront au secteur de la viticulture du cognac, mais aussi plus largement aux vignobles français et internationaux.


La chaire WinEsca en bref

Durée

2022-2026

Financement

3,83 M€ :

  • ANR : 1,2 M€
  • Université de Pau et des Pays de l’Adour/CNRS : 871k€ (temps chercheurs)
  • Hennessy : 800k€
  • GreenCell : 400k€
  • Autres partenaires : 558k€ (Université de Bordeaux, Bordeaux INP, Bordeaux Sciences Agro, INSERM, INRAE, Université de Reims Champagne Ardenne)

Organisation

  • Porteur du projet : Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA).
  • Titulaire-coordinateur de la chaire : Patrice REY, et co-coordinatrice de la chaire : Éléonore Attard.
  • Structure d’accueil : laboratoire IPREM (Unité Mixte de Recherche UPPA/CNRS) sur le campus de Pau.
  • Partenaire industriel : GreenCell, société spécialisée dans le développement de produits de biocontrôle.
  • Ecosystème scientifique : 8 unités de recherche internationales et 36 personnes impliquées.


Les chaires industrielles ANR

Depuis 2012, l’Agence Nationale de la Recherche a financé 55 projets de chaires industrielles sélectionnés de façon rigoureuse pour leur qualité scientifique, le partenariat fort et durable avec des acteurs privés, la notoriété scientifique du porteur et sa capacité de structurer un écosystème de recherche de haut niveau dans un domaine prioritaire et stratégique pour les acteurs publics et privés impliqués dans le projet.

Dans ce contexte, la chaire industrielle WinEsca peut être considérée comme un exemple parfait car elle allie :

  • un partenariat fort et pérenne entre le porteur et le principal partenaire industriel, une amplification de l’ambition par rapport à un précédent partenariat et l’inclusion d’un nouveau partenaire industriel ;
  • un écosystème académique qui profite de l’environnement proposé par l’I-SITE E2S ;
  • une formation par la recherche de plusieurs jeunes diplômés et chercheurs sur une thématique à haut potentiel économique et écologique. 


Pour rappel…

La précédente chaire industrielle, « GTDfree », lancée en 2016 avec INRAE et Jas Hennessy & Co, a apporté des enseignements scientifiques précurseurs des travaux actuels.

  • Confirmation de l’influence positive du système de taille et du geste « vertueux » : mise en évidence du rôle du flux de sève dans l’esca
  • Mise en évidence de l’espèce principale de champignon (Fomitiporia mediterranea) impliquée dans l’apparition des maladies du bois
  • Mise en évidence d’associations champignon/bactéries dégradantes pour le bois
  • Découverte de bactéries capables d’inhiber le développement de l’esca in vitro : des perspectives pour le développement de solutions de biocontrôle